Être et non-être

Passer du sentiment d’exister comme entité séparée, à la simplicité de seulement « être », sans mots et sans qualificatifs, est quelque chose d’excessivement libérateur.

Libéré/e des contraintes de la personnalisation des états, sentiments et expériences vécues, il devient beaucoup plus facile de s’ouvrir à notre vécu, plutôt que de toujours chercher à le comprendre, l’analyser ou le rationnaliser derrière une compréhension quelconque.

Dans ce passage se trouve la clé de voûte du processus de conversion des énergies et du relâchement de la structure psycho-énergétique qui s’est construite et solidifiée au cours des années.

Le fameux « bodymind » de l’Advaita, ou si vous préférez la structure « corps/mental ».

Mais glisser dans la Réalité du non-être, c’est autre chose…

Comme j’en ai déjà fait état par le passé, cela peut s’avérer une merveille planque pour ne pas aller adresser ce qui demande à l’être au niveau de cette fameuse structure. Créant une importante dissociation d’avec la globalité de l’être, cela ne peut à long terme, qu’engendrer encore plus de souffrance et créer des comportements qui sont en totale inadéquation d’avec notre Nature Profonde. C’est pourquoi il est important de plonger toujours plus profondément à la rencontre intime de notre essence pour en voir son caractère sacré tout autant qu’amoureux.

D’une perception à prime abord complètement paradoxale, c’est cette nature amoureuse qui est à la fois ce qui nous permet de rencontrer nos tendances les plus lourdes, sombres et je dirais même « animales » (jusqu’à un certain point), tout autant qu’elle nous fait prendre toujours et encore plus de distance et de détachement en regard de tout ce que ce monde (nous inclus dedans) pense comprendre et connaître.

Plus nous sommes pleinement ce que nous sommes comme êtres humains, plus nous réalisons que tout ce que nous vivons, ce terrain de jeu magnifique et formidable qu’est la Vie, prend naissance et part de quelque chose d’indéfinissable. Qui par le simple fait d’avoir voulu naître, à un moment précis, s’est mis à exister et se développer dans un JE SUIS qui a fini par se structurer et se définir par une foule de qualificatifs qui sont issus d’expériences et de transmission d’informations. Pour ensuite devoir rebrousser chemin et revenir à son point d’origine, se dénuder de ses oripeaux afin de revenir à plus de simplicité et d’authenticité dans le vécu tout autant que l’expressivité.

Le désir de vivre est la base même du JE SUIS.

Mais que se passe-t-il lorsque ce désir s’éteint?

Est-ce que nous « mourrons »?

Est-ce que nous quittons ce plan d’existence?

Qu’est-ce qui arrive lorsque le désir même de jouer se tarit?

C’est ce qui se vit en ce moment. Lorsque cela a commencé à se manifester, sur le coup est monté une pensée. Dans ce Silence de plus en plus envahissant et englobant qui prend toute la place, la pensée est montée qu’on retournait visiter cette longue période où Diane a tant voulu mourir. Jusqu’à s’y essayer pour « de vrai »…

Mais non, ce n’était pas cela.

Ensuite est venu la croyance qu’il était temps de me retirer des réseaux sociaux, cesser d’écrire, d’offrir des propositions de partages et Satsangs. De me retirer de tout ce cirque, parce que l’évidence grandissait que l’élan s’étiolait. Peut-être avais-je été au bout de cet exercice?

Mais non, ce n’était pas cela non plus.

Ensuite, tout est devenu encore plus calme et profond. Encore et toujours plus. Je sentais les derniers relents de pensées monter et tenter de s’agripper à quelque chose qui n’était déjà plus là et n’y avait jamais vraiment été non plus. Quelques petites libérations émotionnelles sont venues, exprimant cette lassitude à simplement vivre

Même ça, c’était devenu lourd. Une parcelle d’un je ne sais quoi était encore là à vouloir porter quelque chose qui se savait pourtant factice et illusoire. Parce que même si nous voyons et comprenons la Nature de la Réalité, il y a toutes sortes de trucs enfouis plus profondément, qui demeurent là pendant très longtemps à rouler d’eux-mêmes, en fonction d’autres principes et croyances.

On les laisse rouler, remonter, s’exprimer et se libérer. Mais ici, il semblerait que soit cela ne veut plus se jouer ainsi, soit l’exercice est arrivé à son terme…

Je ne sais pas.

« Je » ne sais rien.

Vivre à partir d’un point focal, dans le regard et la vision étriquée d’une singularité, est devenu un jeu qui ne veut plus se jouer devant l’évidence grandissante qu’en ce monde, la compréhension est le fondement de l’être humain. Toute la structure psychologique et énergétique que nous sommes se fonde sur de l’information et de la connaissance accumulée.

Or, ce qui est peut-être plus subtil à voir et appréhender dans ce que je tente d’exposer, c’est que lorsque nous vidons ce contenu de connaissance et d’informations, c’est aussi le contenant qui disparaît avec. L’immensité du Silence prend alors toute la place et ce qui reste est simplement un espace vacant rempli de Silence, de Lumière et de Vie.

L’entièreté et l’intemporalité de cette Vie Infinie.

La fulgurance et l’omniprésence de cette Lumière originelle dans laquelle tout baigne.

Donc voilà. Peut-être que cette mince tentative de mettre en mots quelque chose qui ne peut réellement l’être est insuffisante et ne répond pas vraiment à ces questions résiduelles légitimes qui pourraient subsister:

Comment peut-on « ne pas être »? Comment cela est-il possible?

Effectivement, c’est une sorte de dépossession très difficile à mettre en mots et c’est peut-être pourquoi il en est autant employé pour tenter de l’expliquer. Peut-être pourrait-on le circonscrire et le limiter à la disparition de l’idée de la particularité? Je ne sais pas… Parce que même là, il demeure en outre qu’apparemment, cela continue de se vivre à partir d’une forme qui s’exprime avec la même singularité qu’avant.

Donc ce texte relève à la fois d’un vécu qui se passe de mots, que d’une sorte de discours plus « théorique » que pratique. Puisque rien ne change pour un regard qui se veut encore « externe ». Cela pourrait également ressembler à de la dissociation, mais pour avoir vécu ce phénomène par le passé, ce qui se met en place actuellement, n’est pas du tout du même ordre. Alors, comme ce texte n’a pas pour but non plus d’expliquer, restons-en là pour le moment.

Ce texte a simplement pour but de témoigner, comme la majorité de tout ce qui se dit et s’écrit depuis plusieurs années maintenant.

Témoigner sur le fait que oui, il y a émergence ici d’une possibilité ou potentialité qui n’avait pas encore été rencontrée jusqu’ici. Cela peut être une aspiration profonde que de ne plus vivre.

Qui n’a rien à voir avec le désir de mourrir mais permet simplement de constater que c’est la Vie qui Est et non nous.

La Vie est au-delà du sentiment d’exister.

Au-delà de notre désir individuel de vivre ou de mourir.

Et surtout bien au-delà du jeu de formes auquel du sein elle apparaît et disparaît.

Le TOUT et le RIEN ne veulent plus rien dire. Les quelques pensées qui étaient encore là de façon lointaine, disparaissent et fondent. Plus aucun concept, aucune explication ne tient. Toute cette connaissance accumulée au sein de l’humanité pour tenter d’expliquer le sens et l’orientation de nos vies et notre existence, ne présente plus aucun intérêt. Tout ce que je partageais en termes de compréhension à l’égard du vécu jusqu’à présent n’a plus la même importance non plus, y compris le présent texte, qui me semble être un souffle, une petite brise passagère dans le grand flux de la Vie.

Tout est tellement éphémère et fluctuant en même temps qu’absolument grandiose et indescriptible.

Autant, il y avait eu un sentiment incroyable de libération, de joie et d’Amour à enfin pouvoir être ce que je suis, qui me portait dans une action plus joyeuse, libre et créatrice ainsi que vers un sentiment grandissant et exponentiel d’Amour pour la Vie, autant il n’y a RIEN de particulier à dire quant à ce qui est à se mettre en place.

Hormis le fait que l’ensemble de tous ces sentiments se fondent maintenant eux aussi dans ce Silence.

La Vie continue à se vivre et se dérouler. Les projets en branle continuent de s’exécuter, les Satsangs continuent de s’offrir et les textes s’écrivent malgré tout. Même si la pertinence pourrait m’en paraître questionnable, il n’y a plus aucune envie de questionner quoique ce soit non plus.

J’observe les choses se produire, mais pas de cet ancien poste déjà visité d’observation situé en arrière-plan, non.

D’une absence totale de localisation, totalement vivante également.

Autant j’ai passé les dernières années à faire les choses comme portée par un mouvement de Vie puissant qui me dépassait souvent tant je ne savais pas où il m’emportait, autant maintenant l’action roule d’elle-même, sans émotion ou sentiment particulier à l’égard de celle-ci. Les choses se font et j’en suis le témoin, c’est tout.

Avant il y avait une immense joie au partage ainsi qu’un sentiment que cela pouvait peut-être être d’une utilité quelconque. Maintenant, il n’y a que le Silence ainsi qu’un océan de tranquillité et de Lumière.

La Vie est un véritable mystère, d’une immensité et d’une profondeur insoupçonnée.

Plus grand que l’être humain que nous croyons être.

Plus grand même que cette Pure Conscience que nous croyons être.

Parce que tant que nous croyons être quelque chose de particulier, même si cette particularité est la Conscience elle-même, nous pensons.

Les mots sont totalement inaptes à décrire la Réalité.

Pourtant nous continuons d’essayer de la décrire et de les utiliser.

Pourtant ça continue ici de pointer Cela à qui est curieux, a soif de cela ou veut bien s’y ouvrir.

Je trouve cela à la fois inutile et touchant, magnifique et stérile.

C’est tout et rien à la fois. De même que ce n’est pas exactement cela.

C’est et ce n’est pas.

Parce que les paradoxes disparaissent eux aussi, la confusion semble faire de même.

Ne reste que la clarté.

L’éclatante Lumière de la Vie.

2 réponses à “Être et non-être”

  1. Avatar de Gaétan Tremblay
    Gaétan Tremblay

    Merveilleux ton texte, j’ai 77 ans, et je ressens une partie de ce que tu décris dans ton témoignage. Merci pour ce texte inspirant et aidant, c’est un texte qui me touche beaucoup. Porte toi bien. Gaétan xx

    1. Merci de votre Présence ici ainsi que de cette belle rétroaction. 🙏🏻🌹

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