L’art subtil du yoga

Je reviens sur le yoga…

Pourquoi?

Parce que récemment on m’a questionné et sollicité à quelques reprises quant à l’enseignement du yoga. Des propositions m’ont été faites et lorsque j’ai décliné celles-ci, on m’a demandé pourquoi je n’enseignais plus le yoga.

Tant qu’à me répéter, j’ai décidé de faire une mise au point…

« yogaś-citta-vr̥tti-nirodhaḥ »

Ce qui signifie: Le yoga consiste à dissoudre les fluctuations (ou le processus) du champ du mental dans leurs causes.

Deuxième aphorisme de la « Bible » du yoga, les Sutras de Patanjali, cette simple explication dit tout. Tout ce qu’il y a à savoir et à comprendre sur l’art subtil de la Présence. De cet état d’union avec Ce qui Est, puisque yoga veut aussi dire « lier » ou « unir ».

La philosophie du yoga classique comporte 8 branches. Les deux premières consistent en une sorte de code de vie ou code de conduite. La troisième est celle des postures. La quatrième celle des techniques respiratoires. Les 4 dernières sont des approches méditatives, de la plus simple (le retrait des sens) à des états d’absorption de plus en plus profonds.

Le chemin du yoga pour moi s’est marché « à l’envers ». Tombée dans un état d’absorption incontrôlée et incontrôlable, j’ai dû m’abandonner à un processus d’éveil que je n’avais pas recherché ni sollicité. Le yoga m’a aidé à comprendre ce que je vivais ainsi qu’à libérer le corps d’un lourd passé. Et si j’ai décidé un jour de me former pour l’enseignement, c’était simplement parce que c’est ce qui demandait à être fait. C’était ce vers quoi j’étais dirigée, sans intention particulière autre que de me présenter aux formations. Je n’ai jamais aspiré à devenir une enseignante de yoga dans la forme courante de ce qui est connu et commercialisé de cette discipline. Chemin faisant, je me suis prise aux plaisirs et bienfaits du tapis, au point de me laisser aller à l’enseigner.

Mais l’appel pour l’enseignement de l’aspect physique de la discipline, n’est jamais véritablement venu.

Cela dit, contrairement à ce qui semble perçu, même après avoir arrêté, j’ai continué, à ma façon, à enseigner le yoga.

Parce que tout est yoga.

À chaque instant la Vie nous invite à la posture. À être conscient de notre position face aux différentes situations qui défilent devant nous.

À chaque instant la Vie nous invite à la respiration. À se connecter avec celle-ci, à se sentir plus vivant, plus vibrant. À ressentir plutôt que penser. À se laisser guider par tout ce que ce ressenti peut nous transmettre comme informations sur les causes de ces fluctuations mentales incessantes. Se donner la permission de ressentir le confort comme l’inconfort, toutes les émotions et sensations corporelles c’est un chemin de connaissance de Soi.

À chaque instant la Vie nous invite à la méditation. À se ramener, à ne pas se disperser inutilement. À amener notre attention, notre Présence aux diverses situations. À se calmer et observer. Observer Ce qui Est là, ce qui demande à être vu, entendu, senti, goûté, touché. À laisser les commentaires et le bavardage mental être ce qu’il est: Du bruit de plus, des surimpositions, des surimpressions à ce qui est déjà si plein, si riche et tellement vibrant!

Et lorsqu’on se laisse aller à la Vie, qu’on s’abandonne à celle-ci, le code de Vie vient de lui-même. La non-violence, l’authenticité, la maîtrise de soi, le détachement, l’étude de Soi, le contentement, l’abandon à plus grand que soi, tout ça se fait tout seul.

Quand on s’abandonne à la Vie, on réalise que c’est ce qu’on est: TOUTE LA VIE.

Sans aucune séparation.

Alors le silence vient.

Je n’ai jamais cherché le silence, il est venu de lui-même. Comme tout le reste. Et lorsqu’il s’est définitivement installé, j’ai quitté le tapis. J’ai voulu partager. Sur le fait que la Vie est yoga, que la Vie est Union. Sont venus ensuite les satsangs, les partages et les conférences. Parce que c’est ça qui m’appelait depuis le début: Partager.

Aujourd’hui, même Cela me quitte.

Partager est toujours et sera toujours une source de joie pour moi, parce que c’est dans ma nature. Mais écrire et faire mes petits vidéos sur les zinternets me suffit. Je n’ai plus le goût d’organiser, de faire de la publicité, de me faire « connaître » ou me vendre de quelque façon que ce soit. Les écrits et vidéos me permettent de m’exprimer et de créer et c’est bien amplement.

La coupe est pleine, elle déborde et je suis comblée par la vie.

La Vie est le seul enseignant. Si l’enseignement passe par moi parce que j’y suis invitée, je suis heureuse de le faire. Sinon, regardez autour de vous, ouvrez-vous et vous verrez que tout est déjà là.

Il n’y a nulle part où aller, aucun objectif. Et bien que le yoga dans les aspects qui viennent de vous être décrits ci-haut, soit une magnifique porte d’entrée pour retourner à quelque chose en vous qui a toujours été là et qui y sera toujours, elle n’est pas la seule.

Quelle que soit la porte que vous choisirez, vous ne maîtrisez rien. Vous ne pouvez que vous abandonner. Plus vous le ferez, plus votre vie s’embellira. C’est ce qu’un éveil de Kundalini apporte comme irrémédiable conséquence: l’obligation de s’abandonner. Et c’est parce qu’il est difficile de le faire au début que c’est si pénible et chaotique.

Alors, vous pouvez bien lire tout ce qui s’écrit et se dit sur le sujet. Vous pouvez bien croire que vous posséderez toutes sortes d’aptitudes extraordinaires ou au contraire que c’est un véritable enfer. Mais en vérité, c’est juste ça. S’abandonner à plus grand que notre petit « moi », s’abandonner à la Vie.

Un jour, alors que je me « plaignais » un peu de ma difficulté à adopter des postures de yoga plus compliquées, la première enseignante qui m’a formé du côté professorale, de qui j’étais assez proche et qui connaissait par conséquent ce que je traversais comme éveil chaotique, m’a dit que même si je « rushais » parfois un peu ma vie sur le tapis, j’avais l’immense grâce de posséder un « PHD » naturel en méditation. Elle avait raison. Et il m’a bien fallu me rendre à l’évidence un jour, qu’effectivement tout ceci était très facile pour moi.

Ce qui était difficile c’était de l’admettre.

De me l’autoriser.

De cesser de chercher à comprendre pourquoi les choses se passaient comme ça pour « moi ».

De m’autoriser à pleurer. Accueillir et pleurer toute cette souffrance plutôt que continuer de lui résister. Libérer ce passé accumulé, là dans mon organisme.

De montrer ma fragilité, ma sensibilité.

De me dévoiler.

De m’autoriser à simplement être Ce que Je Suis.

Ni plus, ni moins.

C’est tout ce que j’avais à faire.

Aucune technique particulière, aucun réel effort autre que de me laisser guider de l’intérieur et de suivre les élans et mouvements qui me guidaient vers l’action lorsque requis. Seulement lorsque requis. Le reste du temps, je devais accepter de NE RIEN FAIRE DU TOUT. De rester calme et paisible avec moi-même. Avec parfois des tensions et des inconforts et parfois des états de béatitude sans nom.

Jusqu’à ce que tout se ramène à un juste milieu. Que les choses se fassent de plus en plus d’elles-mêmes, sans réel effort. Que les choses deviennent simples, que la Vie soit paisible et que l’amour grandisse. Un amour pour la Vie oui, mais un amour qui finalement est sans objet.

Donc, ce fût à la fois très facile et très difficile. Et si je vous raconte tout ça, c’est simplement pour vous dire que tout est correct et que comme je l’ai déjà dit dans un autre texte, parfois arrêter de forcer c’est forçant… 😉

Parce que c’est aussi ça le yoga: L’art de la tension juste.

Donc, et je vous laisserez là-dessus, aujourd’hui, même si je n’enseigne plus le yoga, soyez assurés que celui-ci n’a jamais été aussi présent au coeur de ma vie…

2 réponses à “L’art subtil du yoga”

  1. C’est exactement ça, et cet article fait un bien fou 😉 Merci La Lumineuse…

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