AMRIT

Dans la Vie, il n’y a rien à choisir, pas d’expériences meilleures que d’autres, pas d’états à privilégier, pas de statuts à revendiquer.

Il y a l’Amour, celui qui accueille tous les états et les statuts.

L’Amour, tout au fond de toi, te dira qu’à chaque fois que tu choisis, que tu préfères, que tu cours après quelque chose de précis, que tu cherches à éviter, ou encore que tu te nommes ou te définis par un rôle, état ou statut quelconque, tu te limites.

Cela dit, c’est correct de croire le contraire, de vouloir choisir et/ou d’avoir des préférences. Même si l’idée du libre-arbitre est la plus grande entrave au vivant et à tout ce qu’il a à nous offrir, encore là, ce n’est qu’une demie-vérité. Puisque le choix et les préférences sont également là et disponibles dans le grand buffet à volonté de la Vie. Sources de magnifiques apprentissages, ils ont aussi leur raison d’être, même si finalement on finit par voir qu’ils sont illusoires.

L’important, c’est seulement de ne pas te perdre, te prendre au jeu ou te laisser emporter. Par ce qui passe, ce qui ne reviendra pas ainsi que toutes ces idées qui te maintiennent dans une spécificité, une direction particulière ou une orientation dont tu ne voudras plus dévier.

En fait, la véritable question à se poser quand il est question de libre-arbitre c’est: « Pourquoi? » (…)

Pourquoi vouloir faire des choix, entretenir des préférences ou continuer de croire à la notion du libre-arbitre?

Simplement parce que dans la Vie, on souhaite tous et toutes surfer sur le haut de la vague. C’est très grisant, cela nous apporte de l’attention, de la reconnaissance, de la visibilité, du succès et toutes sortes d’autres avantages. On cherche également à reproduire les actions que nous préférons ou fréquenter seulement ceux que nous apprécions parce que ça nous donne le sentiment d’exister, d’être utile, aimé, etc.

Mais, sans que nous en soyons nécessairement conscients, même si tout ceci est bien gratifiant, il n’y a rien dans tout cela qui représente un réel avancement.

Un jour ou l’autre il y aura des creux de vagues et des jours de mer sans vent, où tu seras là, à te souvenir du « bon vieux temps ». Ne serait-ce que d’un point de vue strictement « énergétique » il est impossible d’être toujours dans une action optimum. Une action alignée oui, mais pas optimum. Ce qui n’est pas du tout la même chose.

L’action optimum c’est l’action qui soit la plus efficace ou la plus rentable pour atteindre un objectif donné. Alors que l’action alignée est celle qui est la plus juste et équilibrée. Également celle qui est au service de la Vie, dans l’Instant.

Or, il n’y a que l’Instant. Tout le reste relève du rêve et de l’illusion.

Cela dit, dans l’Instant se révèle parfois certains enseignements. Qui peuvent venir de ces choix que tu as faits ou des préférences qui t’ont guidé vers une action donnée. Paradoxalement ces enseignements viennent rarement des grands moments d’actions ou de réalisations, mais plutôt de ces moments où tu es là, à poireauter, attendre et avoir le sentiment de perdre ton temps. De ces moments nettement moins grisants où les échecs et déceptions s’avèrent souvent être exactement ce qu’il te faut pour te faire perdre toutes ces illusions que nous entretenons.

Cela dit, lorsqu’on tombe dans ces périodes creuses, plus tranquilles ou parfois carrément inconfortables et même souffrantes, c’est exactement là qu’il faut se souvenir de ces moments où nous surfions sur le haut de la vague.

Pourquoi?

Pour ne pas perdre la foi.

Les désillusions et les enseignements ne proviennent jamais de ce que nous avons fait de bien ou de mal dans la Vie ou de ce que nous avons réussis. Pas plus que de ce que nous avons échoué. Ils viennent de l’importance que nous avons accordé aux éléments et circonstances extérieures, au détriment d’une intériorité qui est rarement écoutée ou mise à l’avant-plan lorsque nous disons « faire des choix » ou « avoir des préférences ». Bien souvent nos présumés choix ne se font pas à partir de ce qui serait le mieux pour nous, ou encore de cet élan naturel qui nous conduit dans la bonne direction.

Non, ils viennent généralement de l’importance que nous accordons au regard ou à l’opinion de l’autre, de l’influence qu’ils ont sur nous. Ou encore de ce qu’ils penseront de ce choix que nous faisons ou cette préférence que nous exprimons. Nous ne faisons pas un choix pour nous mais bien un choix en fonction des autres. Et c’est encore plus vrai lorsque nous prenons des décisions en disant que « nous n’avons pas le choix ». Alors là, nous mettons à l’avant-plan des impératifs matériels, financiers ou des émotions telles que la culpabilité ou la honte, qui font qu’encore une fois, le choix est souvent loin d’être celui qui est dans l’intérêt du vivant.

Notre seul malheur véritable, celui qui fait que certaines choses désagréables perdurent dans nos vies ou d’autres, plus agréables nous filent entre les doigts, est dû à des préférences et des choix que nous « croyons » avoir ou non, mais qui finalement ne reposent pas sur une véritable notion de liberté.

Ce que tu as, un jour on te l’enlèvera.

Pour que tu comprennes que TOUT passe et que ce qui doit se vivre se vivra, que cela te plaise ou non.

La Vie offre plus généreusement lorsqu’on l’écoute, c’est certain. Mais ce qui est encore plus vrai, c’est que la Vie offre avec une immense générosité quand on se place au service de celle-ci.

Et lorsque je parle de Vie, je parle de la Vie en toi. Pas celle dans les fleurs, les arbres, la terre, les planètes, le soleil ou l’Univers. Pas celle provenant de la volonté d’un homme barbu qu’on aurait placé dans le ciel pour décider de notre destinée.

Non, je parle de cette Vie qui palpite et te guide intérieurement.

Ça c’est ce que tu Es.

Ça, toujours Ça restera…

Que tu sois dans le haut ou le creux de la vague;

Que tu sois vu(e), reconnu(e), ou pas;

Que tu aies du succès ou vives des échecs;

Que tu sois dans la richesse et l’abondance ou le plus complet dénuement;

Que tu te penses « éveillé(e) », ou non;

Que tu souffres vraiment beaucoup ou sois dans la béatitude jusqu’aux oreilles.

La Vie est toujours là en toi, à chaque Instant. Sa forme, sa couleur, sa texture sont continuellement changeantes il est vrai. Mais au coeur de chaque expérience, chaque couleur ou chaque texture, elle est PRÉSENTE.

Pour se rappeler à toi.

Pour te rappeler à toi.

À ce que Tu Es, qui ne change jamais derrière les petits et les grands aléas.

Ouvre-toi à Cela…

Alors là, tu verras.

Que derrière ce qui passe, reste TOI. Reste quelque chose qui ne se définit pas. Reste quelque chose d’infiniment plus plein que toutes les vagues grandes ou petites que tu rencontreras.

Parce qu’au soutien de chaque vague et chaque mouvement…

Reste l’Océan.

📸 Glifa – Vartholomio, Grèce, le 2 mai 2023.