Le lieu du repos

Il n’y a pas à lutter contre sa Nature, au contraire! Tentez de la comprendre et d’aller dans le même sens qu’elle. Vous serez bien des choses dans cette Vie, aux yeux des autres comme à « vos » propres yeux. Mais moins il y a de recherche à nommer ou circonscrire le « je suis… », à y apposer un suffixe, plus il y a seulement les choses, telles qu’elles sont dans l’instant et la spontanéité.

C’est alors qu’il est vu que nous sommes très étroits dans notre vision de ce que nous nommons et comprenons chez l’humain.

Soyez ce que vous êtes et si ce que vous êtes est trop bizarre, intense, mystique ou même fou/folle pour les autres, ne faites pas de compromis lorsqu’il est question de laisser les autres qualifier ou nommer votre vécu. Préservez votre droiture tout autant que votre harmonie intérieure, avec cette fine compréhension que vous devez également agir avec l’autre de la même façon que vous souhaiteriez que l’on agisse avec vous.

Si la reconnaissance est impossible, s’il n’y a pas d’espace où se rencontrer et ouvrir le dialogue, retirez-vous tout simplement. Laissez le mouvement intérieur prendre le relai et vous verrez que c’est celui-ci qui amène le retrait et non la partie blessée en vous. Vous êtes guidés, vous êtes protégés, nul besoin de nourrir un esprit volontaire en ce sens, pas plus que d’effectuer des rituels de protection quelconques. Les mécanismes de protection qu’on installe soi-même continuent d’alimenter peurs et fermetures, alors que la Vie, elle, sait mieux que vous-même où aller.

Laissez les autres vivre avec leurs perceptions, regards, idées préconçues ou jugements. Elles sont les barreaux de leur prison, tout autant que d’éventuelles clés pour en ouvrir la porte. Tout peut être un frein ou un levier. Il ne suffit que d’un regard amoureux, d’un élan de tendresse ou deux bras qui s’ouvrent, afin de tout changer en vous comme chez les autres. Il importe peu de savoir qui aura ce regard ou initiera le mouvement puisque rien et tout est personnel. Rien à rejeter mais rien à s’approprier non plus. Tôt ou tard, les ouvertures produiront leurs fruits, chez vous comme dans votre environnement.

Ce sont dans les petits gestes simples où l’on s’ouvre et tend la main que se situe le réel pouvoir transformateur. Dans ce jeu réciproque où l’on doit apprendre à recevoir tout autant qu’à donner. À prendre soin de soi tout autant qu’à respecter la liberté de l’autre d’être tel qu’il est.

Les gens qui cheminent ainsi que les observateurs de la « scène spirituelle » ont souvent cette tendance à croire que « tendre l’autre joue » consiste à se laisser passer sur le corps et être toujours gentil.

Mais non…

La grande intelligence et la sagesse présentes en chacun de nous savent très bien que sans vous, il n’y a pas d’autre, il n’y a pas de vie qui se vit. Tout sera toujours fait pour vous préserver de l’abus verbal ou physique, de la manipulation outrancière et de toutes ces dynamiques malsaines que nous sommes appelés à expérimenter pour comprendre la racine de ces comportements chez l’humain. Lorsqu’il est compris que toute souffrance prend naissance dans cette illusion de la séparation, la leçon est comprise. Lorsque l’expérience s’intègre, que le pardon envers vous et envers l’autre prend place de lui-même, il viendra ensuite une répétition de certaines expériences pour que consciemment vous vous respectiez, mettiez votre limite et preniez vos distances des relations qui ne sont pas empreintes de bienveillance.

C’est pourquoi les relations changent sur le chemin et qu’elles se font souvent moins nombreuses. Parce que bien que votre tolérance et votre accueil grandissent, ceux-ci seront proportionnels à un détachement de ce besoin d’entretenir des relations « par intérêts ou affinités », ce qui est généralement le fonctionnement de base de l’ego. Vous accueillerez les gens tels qu’ils sont mais ne mettrez plus d’énergie non plus à les convaincre du bien fondé d’entretenir une relation avec vous. Ceux qui viendront à vous avec cette intention deviendront généralement des gens qui ont compris qu’une relation franche et ouverte nécessite beaucoup de dialogue et de transparence. De s’exposer à l’autre tel que nous sommes, pas de continuer à entretenir des mécanismes de réactivité, de protection, de manipulation et/ou de fabrication d’une image.

Vous ne changerez pas les choses dans ce monde en brassant les cages, en vous imposant aux autres ou en continuant à nourrir ce discours fortement répandu à l’heure actuelle, que tout va de travers, que nous sommes à la fin d’une ère et que ce monde est en train de se scinder en deux, entre gens conscients et/ou éveillés et « les autres ». C’est encore et toujours un discours empreint de séparation qui ne mène nulle part et qui ne tend qu’à établir un nouveau genre de rapport de force, qui demeure quand même un rapport de force. Un discours qui provient encore d’un point de vue qui cherche à éviter une partie de l’expérience terrestre et s’extraire d’une souffrance qui est pourtant nécessaire et incontournable à comprendre la Nature de l’Amour.

On ne devient pas aimant en contournant l’expérience de la souffrance mais plutôt en y plongeant profondément pour en comprendre son origine. Quand on en ressort, parce qu’on en ressort toujours, c’est rempli de compassion pour tous ceux et celles qui la vive ou la vivront. Sans souhait de les en extraire ou d’agir d’une façon particulière à leur égard. Parce que nous avons compris à quel point cette expérience est essentielle. Nous ne sommes pas des sauveurs pas plus que des guérisseurs. Tout au plus nous pouvons devenir des espaces d’accueil, des sortes de ports où l’on peut s’accoster quelques instants pour reprendre notre souffle avant de poursuivre la traversée.

Il n’y a pas de poudre de perlimpinpin, de méthodes, de techniques ou de recettes toutes faites sur le chemin spirituel. Si ces choses fonctionnent pour vous, TANT MIEUX. Mais n’en faite pas des généralités applicables à tous/toutes et éviter de dire aux gens quoi faire, comment vivre ou penser. D’une part parce que les gens détestent se faire diriger et d’autre part parce que l’humain est tout, sauf un être uniforme et unidimensionnel. Il possède déjà tout en lui pour être libre, heureux/se et souverain et c’est seulement cela que vous pouvez leur pointer du doigt.

Lorsque l’Unicité rejoint la Singularité, il n’y a que l’éternité de la Vie, la célébration de sa diversité et l’Amour océanique d’une Conscience qui se voit en tout et partout. À partir de là, plus rien n’est à faire autre que d’embrasser large et d’ouvrir grands les bras à la Vie. Il n’y a pas de réel « Maître » autre que la Vie elle même, qui peut se manifester comme un Maître à travers chaque individu, chaque nuage, fleur ou parcelle de Vie.

La plus belle illustration de ce principe demeure ce passage du Nouveau Testament où Jésus, répondant à un disciple qui lui disait qu’il le suivrait partout où il ira, lui répondit que s’il voulait le suivre, il lui faudrait d’abord comprendre que si les renards ont des tanières et les oiseaux le ciel, le fils de l’homme, lui, n’a pas de lieu où reposer sa tête. Ce qui signifie que dès que vous pensez avoir compris ou saisi quelque chose (ou quelqu’un), vous errez. Et vous errez doublement s’il vous vient à l’esprit que vous avez un rôle à jouer pour le faire comprendre à d’autres. Vous pouvez saisir de façon fugace tout plein de trucs dans la vie, mais la compréhension intellectuelle des choses demeurera toujours quelque chose d’excessivement éphémère elle aussi.

Il n’y a rien à comprendre. Tout au plus on peut partager. Notre vécu du moment, notre expérience de vie, ce qu’elle nous a permis de comprendre pour nous.

Mais il y une chose que nous pouvons tous et toutes faire, qui a un pouvoir immense dans la Vie:

Tenter d’aimer, même imparfaitement, même maladroitement…

Tenter d’aimer, un peu plus chaque jour.

Là se situe le seul repos, la seule certitude.

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