Il y aura toujours une nouvelle mode, un nouveau sujet d’actualité, un nouveau drame à alimenter. Un nouveau pays, un autre groupe ou une personne sur qui tirer à boulet rouge.
Un ou des nouveau(x) ennemi(s) qu’on aime haïr.
Il y aura toujours quelqu’un qui arrivera avec sa théorie, nouvelle ou ancienne, pour nous expliquer quelque chose. De ces gens qui pensent avoir tout compris et se servent de leur savoir, comme d’autres se servent de leur argent, pour se placer dans un rapport de force avec leur prochain.
Il y aura toujours des pouvoirs politique et économique là, tout autour de nous, qui nous balancent des tonnes d’informations contradictoires pour influencer notre façon de penser, notre façon de consommer.
Il y aura toujours des médias, une industrie cinématographique et des environnements virtuels tout autant que réels, qui alimenteront cette idée que l’humain est encore dans un mode de survie qui fait que nous avons des luttes à gagner ou à perdre, que nous devons accumuler biens, informations et connaissances ou encore, que nous devons protéger territoires et habitations d’un envahisseur potentiel ou quelconque.
Il y aura toujours des gens souffrants qui par dépit, impuissance ou inconscience à l’égard de leur propre souffrance s’en prennent à l’autre.
Il y aura toujours là, dans ce monde, cette croyance bien ancrée que l’humain est un animal luttant encore pour sa vie, dans un monde impitoyable et hostile.
Où vivre se limite à tenter de ne pas mourrir.
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La majorité des approches spirituelles de ce monde vous diront chacune à leur façon, que tout ceci, ce ne sont que des croyances, que des histoires que nous nous racontons qui nous maintiennent dans l’illusion et la souffrance (ou encore dans le péché). Elles enseignent que la réalité est au-delà de toutes ces croyances, au-delà même du corps, de l’attachement à celui-ci, de l’identification aux pensées et émotions ainsi que de la peur de la mort.
Encore aujourd’hui, nombreux sont les enseignants spirituels, majoritairement masculins, qui continuent de propager cette spiritualité d’un autre temps, qui reniait le corps ou l’identifiait à la source de tous les problèmes et/ou péchés. Qui faisait de ce monde un endroit dont il fallait s’extirper, se retirer ou auquel il fallait renoncer, aussitôt qu’il y avait réalisation de la nature véritable de ce que nous sommes dans nos aspects intemporels et illimités.
Qu’on appelle cela la Conscience, l’Esprit, Dieu, le Divin, l’Absolu, la Source ou l’Univers, on parle toujours de cette même réalité qui est au-delà de tout ce qui se passe en ce monde, de tout ce qui se passe même avec l’ensemble de la physicalité, voire même l’humanité et les limites de celles-ci.
Elle est mince cette ligne entre cette façon de véhiculer les choses et le fait d’y voir là, la seule vérité…
Ce que j’entends par là, c’est que ces traditions, mettant l’emphase sur le fait que la seule réalité ou la seule vérité, c’est Dieu (ou l’Absolu), on peut rapidement faire un lien et conclure qu’en ces enseignements se situe le seul chemin…
Pourtant, ces approches continuent toutes à entretenir cette croyance d’un Dieu ailleurs qu’en ce monde, d’un Dieu meilleur que ce monde et d’un Dieu vers lequel il faut s’élever (intérieurement ou extérieurement) pour s’extirper, encore une fois, d’un monde impitoyable et hostile où il est difficile, voire impossible de trouver le bonheur. Bref, ces traditions continuent de perpétuer cette idée de la survie et de l’animalité. Et bien que la majorité prônent l’Unité, elles continuent malgré elles (peut-être), à scinder profondément l’humain et le Divin, préférant une réalité à l’autre. Reniant l’une au détriment de l’autre ou pire, voulant concilier l’une et l’autre en continuant de subordonner l’une à l’autre…
Certaines traditions ont des pratiques qui visent à vous déconnecter de votre corps en quelque sorte, pour vous amener dans un certain état d’enstase. Le fameux « bliss » ou la transcendance tant évoqués.
L’illumination ou l’enlightenement, ne vous y tromper pas, c’est cela.
C’est une dilatation de votre conscience au-delà du corps physique, une sorte de décorporation qui vise, tout comme le font les psychotropes utilisés en spiritualité, à vous faire vivre des expériences d’unité certes. Tous les états de transe mènent ultimement à cela. Mais là n’est pas votre état naturel, ne vous méprenez pas et surtout ne vous illusionnez pas sur tout ce qu’on en dit et tout ce qui se véhicule sur le sujet.
Quant aux autre traditions qui elles prêchent la dévotion à un Dieu extérieur, elles ne vont guère plus loin, continuant de prétendre que le bonheur ne peut se trouver en ce monde. Être dans ce monde mais pas de ce monde… Que cela est encore répété et martelé! Peut-être plus réalistes d’une certaine façon, ces approches continuent néanmoins de prétendre que le temps ici a pour but de nous permettre un jour, de trouver le bonheur ailleurs, dans un paradis, un royaume, etc. Bref, de vous convaincre que votre vie ici est quelque chose qui doit être enduré, pour un jour accéder à quelque chose de meilleur. Ce qui vous maintient plus que jamais fixé dans ces idées de souffrance et de malheur et d’un temps meilleur qui n’est pas maintenant.
Toutes ces façons de voir, bien que partiellement justes à plusieurs égards, ont probablement fait en sorte que l’humain se reconnaissent de moins en moins à travers les religions et grands courants spirituels véhiculés depuis plusieurs millénaires.
Parce qu’aucune de ces approches n’offraient de solutions réalistes à ce qui demande à se vivre au coeur même de ce monde et de notre humanité maintenant.
Ce n’est pas que ces courants véhiculent des faussetés ou sont à côté de la plaque. C’est qu’ils n’ont jamais été clairement expliqués et, qu’à moins d’être ce qu’on appelle « un(e) initié(e) », il est encore aujourd’hui, terriblement difficile de saisir le jargon de la métaphysique qu’ils véhiculent.
Je vois des gens transmettre encore régulièrement des portions d’enseignements de sages de l’Inde ou des interprétations partielles quant à des portions de textes bibliques, qui peuvent être excessivement confondantes pour qui n’a pas expérimenté en lui ou en elle, les vérités qui y sont véhiculées. Pour qui aussi, s’accroche à ces expérimentations, désire y rester, ou encore, être vu et reconnu pour celles-ci…
Je sais que ce n’est pas la première fois que j’aborde ce sujet.
Faites-vous à l’idée, ce ne sera pas la dernière non plus!
Parce qu’il est vraiment important de comprendre maintenant, en cette époque de profonds changements et bouleversements, qu’il ne faut pas en rester là.
Que la vie ne se situe pas ailleurs que maintenant.
Et que tout le reste est inutilement complexe et absolument pas important.
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Vous n’êtes pas qu’une réalité immuable, hors du temps et de l’espace qui s’expérimente à travers un lot d’expériences transitoires et éphémères.
Parce que même l’éphémère est permanent.
Il revient en cycles depuis la nuit des temps, nous faisant revisiter les mêmes éventualités, les mêmes potentialités et aussi les mêmes pièges, qui nous confrontent aux mêmes choix.
Oui mais…
Y a-t-il un libre arbitre, quelqu’un pour faire des choix clameront les tenants de la non-dualité et du « il n’y a personne » ?
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Bien sûr!
Ne pas le voir, ne pas voir cet immense liberté qui nous a été donnée, tout l’amour de ce cadeau Divin, ce n’est pas être réalisé(e), au contraire… C’est encore se séparer d’une réalité Divine qui serait autre et pas nôtre. S’il faut voir que le Divin n’est que Conscience, au final il faut aussi voir que l’humain est une créature consciente, par conséquent Divine. C’est sortir de la croyance en une animalité barbare, voir notre rôle tout autant que nos responsabilités comme espèce qui se perçoit comme dominante, à l’heure actuelle en ce monde. Voir qu’il n’en est rien, que nous avons tous et toutes un rôle à jouer dans le grand jeu de la Vie et qu’il n’y a pas de rôle plus ou moins important que l’autre.
Demeurer dans le « il n’y a personne », c’est refuser de voir toute la confiance et l’amour qui a été placé en chacun(e) de nous. Probablement pour ne pas avoir à admettre qu’il nous est demandé de mettre la même confiance et le même amour en nous, en l’autre, en ce monde et en la Vie et que c’est solidairement et conjointement que nous y arriverons. C’est refuser de se lier à notre puissance créatrice et continuer de nourrir une déresponsabilisation qui fait que notre puissance continue à l’heure actuelle d’êtres destructrice pour nous, pour notre prochain et pour cette planète.
L’humain est une espèce qui, indépendamment de son genre, nourrit les aspects traditionnellement féminins que sont l’accueil, l’écoute, le fait de se relier à l’autre et d’en prendre soin. Nous sommes des mammifères. Or, les mammifères prennent soin de leur environnement tout autant que de leur progéniture.
Nous sommes en train d’oublier cet aspect fondamental, à force de nourrir l’esprit, l’intellect et une intelligence dont nous ne savons vraisemblablement pas encore nous servir adéquatement.
Avec coeur.
À force surstimuler notre intellect, nous perdons notre discernement à voir que nous nous déconnectons d’autres aspects de nous-mêmes peut-être plus subtils et moins tangibles, mais pourtant très réels: Ce corps qui a des besoins autres que ceux qui sont simplement reliés au confort et à la survie. Des besoins énergétiques (vitaux), émotionnels, psychologiques et spirituels.
Toute cette Vie en nous, dans l’ensemble de notre organisme, n’est rien d’autre que l’expression même d’une Conscience, d’une Intelligence, d’un Amour et d’un Pouvoir qui est Universel tout autant que Personnel, qui est Divin tout autant qu’Humain.
Il n’y a plus lieu de faire de distinction entre les deux, pas plus que de préférer ou subordonner l’un à l’autre.
Dieu n’est pas ce qui nous a été appris ou enseigné. Le Divin ou si vous préférez le Spirituel, n’est pas à renier, à négliger, pas plus qu’à sublimer. C’est est une des nombreuses réalités de la Vie à apprivoiser, à tenter de comprendre, mais surtout à expérimenter en chacun(e) de nous.
Pour nous.
Pas pour en faire ensuite des comptes-rendus et des bouquins qui ne font en bout de ligne que nous embrouiller. Tout autant sur la façon d’y parvenir que sur les résultantes d’une démarche qui est fondamentalement intime.
Tout est déjà là, en nous. Nous n’avons qu’à puiser à l’intérieur de nous, nous accueillir dans toutes les composantes de notre vécu et profondément écouter celui-ci.
Nous sommes portés, nous sommes guidés, nous sommes aimés.
Parce que nous sommes déjà tout Cela…
Une fois que Cela est vu et reconnu, tout ce qui nous reste alors, c’est de suivre cet élan déjà amorcé. De poursuivre cette fine écoute intérieure, faite de sensations beaucoup plus que de paroles, de symboles ou d’images. Une écoute qui nous ramène toujours plus près de la globalité silencieuse de notre être, loin du tapage et du bruit, qu’il soit intérieur ou extérieur.
Afin que de cette réalité, nous puissions, justement, faire les bons choix…
Fuir ou de rester.
Se battre ou aimer.
Diriger ou écouter.
S’isoler ou se relier.
Vivre dans la peur ou le courage.
Se positionner en victime ou se responsabiliser.
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Les deux côtés de cette médaille qu’est la dualité de ce monde sont nécessaires. Ils ne sont pas des combats à livrer, pas plus que des lieux à quitter ou des réalités intérieures à négliger.
Il n’y a rien dans l’éphémère que ne revienne pas de façon cyclique et finalement permanente, pas plus que rien qui ne soit véritablement immuable et sans mouvement.
C’est dans ce paradoxe que se trouve cet essentiel principe de l’équilibre, nécessaire à une véritable expérience humaine.
Votre physicalité, votre humanité est ce qu’il y a de plus précieux, de plus sacré, de profondément Divin…
Le contenu a besoin du contenant et le contenant ne peut vivre sans le contenu.
Ce monde a besoin de vous et vous avez besoin de ce monde.
Tel qu’il est.
Pour en voir ses réalités, apprendre à devenir conscient de ses pièges ainsi que des choix qui vous sont offerts. Y évoluer sereinement et, à votre façon, tenter de l’améliorer.
Tenter de l’aimer un peu plus et d’en faire, pour vous et vos proches, un lieu plus sûr où nous pourrons y être accueillis tels que nous sommes.
Comme des humains véritables, et non comme des bêtes apeurées.
Il n’y a qu’ainsi que nous pourrons finalement voir que nous ne sommes pas dans un mode de survie, mais que tout est déjà là en ce monde, pour que nous puissions croître et nous y épanouir.
Pour finalement voir, que s’il y a un Absolu ou un Dieu, nos croyances ou le nom que nous donnons à cette réalité innommable et plus grande que ce que nous pouvons en comprendre, importe peu.
Tout ce qui importe, c’est de voir qu’il a déjà été placé en chacun(e) de nous, tout ce qu’il faut pour que nous puissions vivre maintenant et ici, une vie pleine, une vie satisfaisant, remplie de joie et d’amour, tout autant que de défis et d’apprentissages.
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