Des petits mots de rien.
De rien…
Qui viennent du néant. Partant du Silence, de cet espace Infini où tout est possible.
Où tout est possible.
Oui. Parce que bien souvent, l’amour demeure du domaine du possible. De la potentialité. Du rêve, de l’illusion, des belles paroles, des intentions ou des attentes. Il reste cet idéal d’amour, là, dans notre tête. Qu’on le projète sur un/e conjoint/e, des enfants, une situation, la nature ou la vie, l’amour dans la projection est une illusion. Un idéal à atteindre ou à vivre. Un peu comme ces idéaux de réalisation, d’illumination ou d’autres états surfaits parce que véhiculés par tous et chacun… à leur façon.
On est en amour avec l’idée de l’amour…
La Vie est remplie de subjectivité. Parce que dans le Réel, tout est sujet et que chaque sujet est un mode d’expression de la Vie. Donc, au final tout n’est qu’Amour, vu d’une perspective et d’un angle différents. Du très limité au très large.
Sauf que…
Ce sont des gestes, des actes, qu’en bout de ligne, se révèle le véritable Amour. C’est un chemin de vie, un apprentissage d’apprendre à réellement aimer. Alors, ce n’est pas de ce que nous en disons, en écrivons, en chantons ou même bien souvent en «beuglons». Agir au nom de l’amour, c’est encore en parler. Le revendiquer ou s’en vêtir au nom d’une cause. Ce que bien des gens font en ce moment. Mais c’est encore une simple façon de dire, ou de crier, notre besoin d’être vu ou écouté dans notre souffrance. Dans ces résistances et ces limites que la Vie nous impose. On place cela sur un autre, un système, des mesures et tout un tas d’artifices, d’objets, qui n’en sont pas. Qui ne sont que le reflet de tout ce qui demeure en nous, qui n’est pas réconcilié.
Parce que là où il y a réconciliation, il y a la paix.
Parfois aussi, cet « amour qu’on dit inconditionnel » est présenté sous forme d’une prétention d’avoir compris quelque chose que le reste du groupe n’aurait pas compris. Caché sous une solidarité qui unit soudainement, le temps d’un moment, un groupe. Or, ce qui unifie un groupe, divise de l’autre. Et ainsi tourne le monde depuis des siècles… Une lassitude quant aux difficultés, un sentiment d’écoeurement généralisé, des chose qui ne tournent pas à notre goût, une possibilité de se rassembler pour partager sur les vicissitudes de la vie, et «hop»!, voilà qu’une nouvelle tangente se prend, qu’une nouvelle alliance se créer. Finissant même par croire que ce monde prendra deux trajectoires, voir même peut-être plus. On demeure plus que jamais dans la séparation et la division. Dans la polarisation. On agit à partir de peurs inconscientes déguisées sous le mot « amour ».
La transformation vient de l’intérieur.
La chenille ne se pavane pas partout avec ses copains pour dire « regardez, nous sommes en train de devenir papillons ». La chenille s’isole, s’immobilise, se replie sur elle-même, pour aller en elle-même puiser les ressources nécessaires à sa transformation. Elle s’arrête tout net de s’agiter partout. Elle sort de sa chrysalide avec beaucoup de difficultés, pour aller ensuite faire ce qu’elle a à faire dans une sorte d’anonymat. Elle n’impose pas au monde les souffrances qu’elle a vécu comme chenille, ni même celles qu’elle vivra encore dans sa très courte vie de papillon. Elle vit ce qu’elle a à vivre, avance et n’en veut pas au ciel et à la terre entière d’être née chenille. Elle vole, de fleur en fleur et fait ce qu’elle a à faire en offrant au monde, sans discrimination, sa beauté ainsi que le fruit de son travail de pollinisateur. Elle ne se plaint pas aux autres papillons que les abeilles n’ont encore rien pigé du truc, qu’elles butinent trop de fleurs et ne lui laissent rien. Pas plus qu’elle ne se soucie de savoir si les abeilles se font exploiter par les apiculteurs ou si ceux-ci sont en train de sauver leur espèce en voie d’extinction. Et même si elle voit que l’activité humaine impacte sérieusement sa zone de travail, elle se concentre sur ce qu’elle a à faire, plutôt de se demander si elle aura assez de fleur à butiner d’ici la fin de ses jours…
Bref, elle acquiert de la sagesse.
Parce que c’est du fruit de son long apprentissage comme chenille, de toutes les difficultés qu’elle a rencontrées qu’elle a grandi et compris qu’il était temps de passer à autre chose. De son passage obligé dans la chrysalide, de cet arrêt, ce retour au calme et à l’inaction, elle a compris ce que c’est d’être. D’être ce qu’elle est et de faire ce qu’elle a à faire avec amour. Pas pour montrer aux autres qu’elle a compris, qu’elle est meilleure ou pire. Simplement pour vivre et offrir le meilleur d’elle-même. Ce qu’elle faisait comme chenille avait son utilité et ce qu’elle fait comme papillon en a tout autant. Elle n’est pas meilleure ni pire qu’avant. Et bien qu’elle ait une apparence différente, qui puisse attirer d’avantage notre attention, elle n’a pas plus ou moins de place qu’avant dans ce grand jeu de la Vie… Elle a simplement la place qui lui revient et toutes les autres créatures également. L’oiseau, la chauve-souris ou le lézard qui risquent de la dévorer ne sont pas des gros méchants. Ce sont aussi des créatures qui ont leur place dans le grand règne de la Vie.
À chacun son métier, chacun sa fonction, chacun sa destinée et tout le monde fait ce qu’il a à faire. La Vie pourvoit toujours aux besoins de chacun/e. En fonction de notre nature propre, de nos inclinaisons et du temps de notre passage ici-bas.
L’humain n’a plus de prédateur naturel depuis longtemps. Ce qui fait qu’il s’imagine encore qu’il est un prédateur pour lui-même et aime à se créer toutes sortes d’ennemis imaginaires. Pour certains c’est un autre dans une particularité et une différence qui le dérange parce qu’il ne les comprend pas. Pour d’autres, c’est une cause ou un système à combattre. Et bien que ceci soit parfaitement normal et fasse partie des apprentissages de la Vie, on peut malheureusement finir par croire qu’en se séparant du groupe, qu’en faisant les choses à notre manière ou d’une autre manière, on changera ce monde. Ce qui est généralement le propre de la jeunesse, de la naïveté et de l’immaturité. Ou de la révolte propre à l’adolescence.
Parfois ça fonctionne, parfois non. Mais tout aussi marginal ou marginalisé se perçoit-on, on a toujours besoin de quelques « autres » dans notre vie. Tous et toutes besoin d’un minimum de support pour y arriver. Certains sont plus solitaires, d’autres plus sociaux. Mais tôt ou tard, le solitaire réalise qu’il quand même besoin des autres et le social comprend qu’il a besoin de moments de solitude.
Tout ceci, ce sont des étapes à passer. Remplies d’apprentissages et de très belles réalisations. Mais il n’en demeure pas moins que ce sont des passages.
Des états passagers…
Ni meilleur, ni pire que tous les autres. Un jour ou l’autre, on finit par comprendre que les embûches, les résistances, la souffrance et les difficultés font partie de la Vie et sont sources de profondes transformations… en nous. Un jour, on cesse également de faire la fête. Parce qu’on réalise que ça aussi c’est illusoire. Qu’on est en train de se perdre dans le sentimentalisme du moment. Qu’il y a toujours quelqu’un qui aura à payer la note pour ce beau party qu’on s’est offert. Que ce soit nous qui devons redoubler d’effort pour payer la note, que ce soient nos parents qui l’assument ou le gouvernement, il y a des conséquences à toutes nos actions. Et juste pour ça, on devrait avoir l’humilité d’arrêter tout net. De faire comme le papillon, tourner le regard vers soi et se questionner sur la motivation réelle de notre action. Parce que l’amour, c’est de l’action. Pas de l’action tournée exclusivement vers soi ou notre petit groupe. De l’action non imposée, qui s’offre spontanément à celui ou celle qui vient vers nous. L’amour ne s’impose pas, il se partage. Et, au risque d’en offusquer quelques uns en ce moment, s’imposer, même pacifiquement, c’est tout sauf de l’amour.
Au final, la Vie, ce n’est rien d’autre que de savoir faire l’équilibre. L’équilibre entre nos besoins et ceux des autres. Ainsi que de toutes les concessions qui sont inévitables quand on aime véritablement.
La transformation vient de l’intérieur.
Qu’on parle de l’intérieur de soi ou l’intérieur d’un ou plusieurs groupe/s, ce n’est qu’un choix de mot pour celui/celle qui se voit encore séparé de tout le reste. Et, ce n’est pas parce qu’on a compris que nous ne sommes pas séparés, que nous sommes pour autant conscients du degré de profondeur de cette absence de séparation.
Il n’y a que l’Un. En tout et partout.
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