Je ne sais rien

Je ne sais rien…

Non, en faits, je ne sais plus rien.

Parce que longtemps, oui vraiment longtemps, j’ai cru savoir. J’ai cru que je comprenais.

En faits, je m’accrochais désespérément à la connaissance… M’en revêtais comme d’un costume. C’était mon plus grand mécanisme de protection, mon plus grand rempart contre ce monde qui m’effrayait tant.

Jusqu’à ce que TOUT s’effondre. Toute la structure psychologique, toutes mes certitudes quant à ce que je croyais être « moi ». Cherchant à comprendre ce qui arrivait, j’ai fait ce que je savais faire de mieux. J’ai lu. Me suis bourrée d’un nouveau « savoir ». J’ai tenté de comprendre le chemin sur lequel je venais de tomber. J’ai consulté, écouté, suivi des formations, rencontré des maîtres.

Mais j’ai déjà parlé de tout ceci. J’ai également relaté comment j’en suis venue à m’éloigner également de ce qu’on appelle la « spiritualité ». Parce que j’y voyais la même « ball game » que j’avais vu partout ailleurs. Mais aussi parce que… ce n’est qu’un savoir de plus. Qu’une tentative, plus ou moins réussie, d’encore une fois expliquer l’inexplicable.

Bref, j’ai perdu l’intérêt pour les explications, les recettes, les leçons et tous ces gens qui sont légion maintenant, à vous dire comment être heureux, comment respirer, méditer. Vous expliquer les effets de la prochaine lune sur vos humeurs ou vous dire ce qu’est la réalisation ou l’illumination.

The thrill is gone…

Tellement, que j’en suis venue à me demander pourquoi je continuais à faire de même.

Pourquoi je continuerais à être « une présence sur votre chemin d’éveil »?

La pure Conscience d’être. Pfffffff… 🙄

Tout ça, c’est tellement ridicule à quelque part!

Mais également, parfaitement correct

Parce qu’entre ça et tout le reste, il y a le juste milieu.

Lorsqu’on pense comprendre, l’action naît. Elle naît de cette volonté à vouloir transmettre, vouloir partager son savoir et sa connaissance à l’autre. Mais lorsqu’on réalise qu’il n’y a rien à comprendre, mais simplement être ce que nous sommes, qu’est-ce qui porte l’être à agir ? À faire ?

Où est le juste milieu entre le faire et l’être ?

C’est dans cet espèce de « no man’s land » que je suis tombée. Pendant un temps. Je revenais continuellement à ce RIEN. Ce rien que je sais, ce rien que je suis…

J’ai laissé aller ce mouvement…

Je ne sais RIEN DE RIEN.

Parce que je ne suis rien.

Rien de précis.

Qu’une Vie, une Vie parmi tant d’autres.

Une forme d’expression qui transporte sa carcasse d’un endroit à l’autre pour partager. Partager un peu de ce qu’elle est. Ce n’est pas grand chose, mais c’est quand même quelque chose. Ce n’est pas plus, mais ce n’est pas moins que tout le reste. C’est joyeux, ça ne se prend pas au sérieux et ça aime la Vie.

Tellement!

Et peut-être que « ça », dans un monde parfois gris, dans un monde rempli de toutes sortes de peurs plus que moins illusoires, ça vaut la peine de se partager ? Peut-être que tout autant que tous les grands enseignements « advaïtiques », non-duels, zen, bouddhistes, chrétiens ou de ces amalgames spirituels modernes qui pullulent, ça mérite d’être exprimé? Peut-être que plutôt que de tenter de se créer de nouveaux personnages qui continuent de croire avoir compris ou être arrivés à quelque part, plutôt que de trouver des explications au pourquoi des choses, on peut simplement commencer à accepter, à accueillir en notre sein et à aimer ce monde?

Tel qu’il est… Avec ses grandes opinions et ses grandes certitudes.

Tel que nous sommes… Avec tous nos personnages, y compris les personnages spirituels.

Tel que vous êtes… Avec vos forces mais aussi toutes vos faiblesses.

Tel que je suis… Avec les doutes qui subsistent et cette incertitude propre à la Vie.

Peut-être que je suis très bien telle que je suis à vouloir partager avec mon prochain la joie de vivre qui m’habite, l’amour de la Vie qui me porte et me pousse à vouloir rencontrer l’autre ?

Quel qu’il soit, où qu’il soit, tel qu’il/elle Est.

Peut-être que je dois continuer de croire qu’il y a là, quelque part, des gens qui ont besoin d’entendre que la Vie c’est magnifique, que la souffrance ne doit pas être combattue, pas plus que tout le reste d’ailleurs, et qu’en nous sommeille un Amour qui recèle un pouvoir qui nous permet de TOUT accueillir de la Vie ?

Et, c’est parce que je n’ai pas de réponse à ces questions que je continue. Parce que je sens, sans pour autant en avoir de certitude, que c’est le chemin que je dois suivre. Celui qui fera qu’à la toute fin, lorsque je fermerai les yeux sur ce monde, j’aurai finalement la réponse. Je saurai alors si c’est ce que je devais faire ou non. Si je suis passée à côté du truc ou non. Mais d’ici là, je ne sais pas. Je ne fais que suivre ce mouvement de Vie, là en moi, qui me pousse à continuer de transmettre un peu de ce que je suis et de tout ce que je ne sais pas. De tout ce que je désapprend un peu plus à chaque jour. À cet oubli auquel je retourne, qui me permet simplement de moins en moins me questionner. Et tenter de simplement vivre la vie qui m’a été donnée du mieux que je peux. Avec tout l’amour dont je suis capable.

Non, vraiment, je ne sais rien. Je n’ai donc rien à enseigner. Aucune certitude à vous apporter. Parce que je demeure avec des doutes par rapport à ce chemin de partage que j’emprunte. Pas encore certaine que je réussirai à vous rejoindre, ni même si c’est ce que je dois réellement faire, dans ce monde où tout le monde semble vouloir faire la même chose dès qu’ils ont touché à leur vérité…

Mais, j’ai aussi compris que tout ça, ce que font les autres de leur vie, ce n’est pas très important. De même que le résultat de mes actions importe peu. Ce qui avec le temps me donne beaucoup de liberté et l’envie de créer. De créer ces textes que je vous écris, ces pensées, ces graphismes et ces images que je vous partages. Sans me soucier du reste. De faire plus de place à cet amour qui me pousse à partager.

Qui me porte vers vous.

Et c’est parce que je sais de moins en moins de choses, que j’ai de moins en moins de certitudes, que je m’autorise de plus en plus à aller vers vous pour partager.

On dit que le savoir libère…

Réellement ???

Moi, je crois que c’est plutôt l’Amour.

Une réponse à “Je ne sais rien”

  1. Le partage lui-même est une voie, à une lettre près du portage.

Répondre à Le retour du Flying BumAnnuler la réponse.

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